Le Ryōgen-in, à Kyoto, date du début du XVIème siècle, et contient 4 jardins secs distincts, aux 4 points cardinaux du temple. Aucun n'est très grand, mais ils ont chacun une symbolique zen très forte, et je remercie beaucoup les moines du temple pour le temps qu'ils ont passé à nous les expliquer, car sans cela, nous aurions certainement bouclé la visite en 1/4 d'heure et serions passé à côté de toute leur signification. Je vais tenter de vous restituer tout cela. N'ayant pris que peu de photos, j'emprunte une nouvelle fois des clichés trouvés ailleurs.
Le premier jardin se nomme l'Isshidan. Le rocher central représente le Mont Horai, demeure des immortels et symbole cosmique de la terre dans la philosophie zen. Au fond à gauche sur la photo, les deux grands rochers symbolisent l'ile de la tortue, tandis que les deux plus petits rochers à droite symbolisent quand à eux l'ile aux grues.
Le deuxième est nommé le A-un (en japonais, ce n'est pas une traduction française). A-un est un concept bouddhique qui signifie une chose et son contraire, telle que l'intérieur et l'extérieur, le ciel et la terre, le mâle et la femelle, et que ces deux choses sont inséparables et indissociables l'une de l'autre. La description de l'A-un est "la voie de la vérité de l'univers, l'essence du zen". C'est sans doute ce que veut figurer ce petit jardin finalement assez dépouillé.
Le troisième jardin est le Ryogintei. C'est le plus ancien du temple, et il est totalement recouvert de mousse, ce qui est très inhabituel pour un jardin sec. C'est pourtant toujours de l'eau qui est figurée. Le rocher qui se dresse au centre du jardin représente "Shumisen", aussi connu sous le nom de Mont Sumeru, et qui est la montagne au centre de l'univers dans la religion bouddhiste. Shumisen émerge de l'ocean, comme d'une mer de nuages, sous laquelle se dresse l'enfer. C'est peut-être pour cette raison que de la mousse remplace les graviers.
Le dernier se nomme le Totekiko, et passe pour être le plus petit jardin sec du Japon. Il est en tout cas étriqué à l'intérieur du temple. Il illustre un proverbe zen qui dit que plus une pierre est forte, plus larges sont les ondulations qu'elle occasionne dans l'eau. Je vous laisse méditer là-dessus !