Suite du conte d'Issun-bōshi. Petit rappel de la 1ère partie : Issun-bōshi est un jeune homme qui mesure 3cm. Plutôt intelligent, il a aussi bon coeur et ne rechigne pas au travail. Il s'est fait engager par un riche notable de la capitale et travaille désormais auprès de la fille de ce dernier, comme artiste, poète, peintre, mais aussi samouraï personnel de la jeune fille.
La jeune fille aimait se rendre régulièrement au temple pour prier. Elle y allait accompagnée de sa vieille nourrice, mais aussi d'Issun-bōshi. Ce dernier était fier d'être le chevalier servant de la jeune fille. Il promettait qu'il la protègerait si elle se faisait un jour attaquer par des bandits ou des démons.
Et justement, lors de l'une de ses promenades, la jeune fille fut attaquée par deux Oni. Ceux-ci projettaient de l'enlever, sans doute pour réclamer une rançon à son riche père. Issun-bōshi s'interposa aussitôt. Il dégaina son aiguille de sa paille et mit en garde les deux démons : "Je suis Issun-bōshi, je suis un samouraï, et je ne vous laisserais enlever personne !".
Le démon n'avait même pas vu Issun-bōshi immédiatement, mais le repéra lorsque celui-ci se mit à crier. Cependant, il n'avait pas du tout l'air effrayé par les paroles du jeune garçon. Il lui répondit alors : "Tu es certes petit, bonhomme, mais au moins, tu ne manques pas de courage. Tu sais quoi ? Je pense que je vais plutôt manger ton amie. Et toi, tu me feras un très bon apéritif". Aussitôt dit, aussitôt fait, il attrapa Issun-bōshi et l'avala tout cru.
Issun-bōshi se retrouva ainsi dans l'estomac de la bête, mais n'avait rien perdu de sa fougue ni de son courage. Il dégaina son aiguille et se mit à taillader l'estomac de l'Oni. Celui-ci souffrait atrocement, et Issun-bōshi continua à donner des coups de plus belle. C'était son premier vrai combat. Il voulait montrer à tout le monde qu'il était capable de se battre, mais aussi d'assurer la sécurité de sa jeune amie. C'était pour cette raison qu'il s'était fait embaucher après tout. Ce n'était donc le moment de décevoir, et il n'allait pas s'avouer vaincu simplement parce qu'il s'était fait avaler !
Et ses efforts étaient en train de payer. Issun-bōshi sentait qu'il était en train de gagner son combat. Il redoubla d'ardeur. Puis, il gravit doucement l'oesophage du monstre, toujours à l'aide de son aiguille. Il s'en servait comme d'un pieu. Sa progression était lente, mais régulière. L'Oni souffrait terriblement, et il finit bientôt par recracher Issun-bōshi. Il tenta alors de prendre la fuite. Mais Issun-bōshi lui barrait la route, et l'Oni n'osait plus s'opposer au jeune homme. Pas peu fier de lui, Issun-bōshi s'attaqua alors au deuxième monstre. Il était désormais plein d'ardeur, et toujours aussi confiant en lui-même. Il ne craignait pas l'affrontement, et savait aussi que son amie le regardait.
Mais le deuxième Oni l'écrasa dans sa main d'un seul coup. Cependant, Issun-bōshi était tellement petit qu'il s'était glissé dans une cavité de la paume de la main de l'Oni. Il réussit à s'en extraire, et sauta sur le visage de son adversaire. Il planta alors son aiguille dans son oeil. Hurlant de douleur, l'Oni s'avoua lui aussi vaincu. Les deux démons prièrent Issun-bōshi de leur accorder grâce. Issun-bōshi accepta, à condition qu'ils promettent de ne plus faire de mal. Les Oni acceptèrent, et offrirent comme remerciement un maillet magique.
Ce maillet n'était pas ordinaire. Il s'agissait du légendaire
Uchide-no-Kozuchi. Ce dernier a le pouvoir de réaliser n'importe quel voeu. Il suffit de fermer les yeux, et qu'une personne l'agite au-dessus de la tête.
La jeune fille agita alors le maillet au-dessus d'Issun-bōshi, et son voeu se réalisa instantanément. Il grandi d'un coup et acquis en une fraction de seconde la taille d'un adolescent de son âge. Il se retrouva vêtu de beaux habits comme un samouraï. Son aiguille était devenue une fière épée, rangée dans un luxueux fourreau.
De retour chez la jeune fille, celle-ci s'empressa de raconter à son père l'étrange histoire qui venait de leur arriver, et lui présenta Issun-bōshi sous sa taille adulte. Le père remercia de tout son coeur Issun-bōshi et lui proposa immédiatement la main de sa fille unique. Il lui demanda aussi s'il voulait changer de nom maintenant qu'il n'était plus un garçon mesurant 3 centimètres. Mais Issun-bōshi lui répondit qu'il aimait bien son nom, et qu'il souhaitait le garder. Il épousa la jeune fille, fit venir ses parents auprès d'eux et se montra un homme bon et courageux toute sa vie durant.